Politique bioalimentaire au Québec : Une nouvelle aventure pour le domaine agroalimentaire

PAR CLAUDIA SENGHOR, CARELLE BALIMA et LEILA BAKAYOKO

politique agroalimentaire
Photo de l’ex-ministre Couillard lors de la présentation de la Politique bioalimentaire le 6 avril dernier.

C’est le matin du 6 avril 2018 que le gouvernement Couillard a présenté sur une ferme de L’Île-Perrot la Politique bioalimentaire, ayant pour but d’augmenter la productivité de l’industrie bioalimentaire québécoise et de la promouvoir au-delà des frontières. Il s’agit non seulement de promouvoir le « consommer local » auprès des Québécois, mais aussi au monde entier.

Cette politique est le fruit d’un travail de longue haleine initié par Pierre Paradis, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), qui a commencé les démarches en 2015. L’élaboration de la politique est passée par une série de rencontres qui ont impliqué plusieurs intervenants. Il eut notamment trois rencontres sectorielles et un sommet de l’alimentation au mois de novembre 2017. Ces rencontres ont fait intervenir les consommateurs, les représentants des activités de la pêche, de la transformation alimentaire, de la restauration, de la distribution ainsi que des agriculteurs. (MAPAQ, 2018)

Les orientations principales de la politique portent sur une optimisation de l’offre des produits alimentaires québécois aux consommateurs, une aide aux entreprises agricoles et de transformation et enfin la mise en place de pratiques plus raisonnables au niveau environnemental (MAPAQ, 2018).

Le gouvernement prévoit 364 millions de dollars pour le secteur alimentaire, comprenant 195 millions pour le domaine agricole. De plus, les agriculteurs seront encouragés à moderniser leurs édifices afin de s’adapter au mieux aux nouvelles normes environnementales telles que le bien-être animal et le maintien de la biodiversité.

La présentation de la Politique bioalimentaire gouvernementale dans une ferme de L’Île-Perrot par l’ex-ministre Couillard, accompagné de Laurent Lessard, Isabelle Melançon, ex-ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Lucie Charlebois, responsable de la Santé et des Saines habitudes de vie et Dominique Anglade, ex-ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation, avait pour but de donner les grandes orientations et les prémisses de ce qui allait être fait pour les cinq prochaines années.

Mais comme toute politique, elle ne fait pas que des heureux. À titre d’exemple, l’organisme Vigilance OGM a montré son mécontentement face au refus de Laurent Lessard de mettre en vigueur l’étiquetage des OGM, projet porté par l’ancien ministre Pierre Paradis. En effet, de nombreux consommateurs ont manifesté leur intérêt pour l’étiquetage obligatoire des organismes génétiquement modifiés. En outre, selon l’ancien porte-parole du Parti Québécois (PQ), André Villeneuve, le budget assigné pour la Politique bioalimentaire est loin d’être suffisant pour pouvoir combler les compressions des années précédentes. En effet, la majeure partie du budget est un fonds de suppléance servant aux ministères administrés par le Conseil du trésor. Il critique également le fait que la somme attribuée au domaine agroalimentaire ne soit pas ajoutée au budget du MAPAQ. Il se pourrait, comme on a pu le voir dans le passé, que les budgets promis aux différents ministères n’arrivent pas à destination au bout du compte.

Du côté de l’UPA, les avis sont mitigés, mais de façon générale, la politique est bien reçue, comme nous le confirme Marcel Groleau, qui dit être « content qu’on dédie des programmes au développement agricole dans tous les volets, de la production à l’exportation ». Il estime tout de même que cette politique ne prend pas en compte les angoisses des producteurs en matière de gestion du risque et met en question, comme Villeneuve, le budget prévu.

Il est bien trop tôt pour se prononcer sur les retombées réelles de la mise en place de la politique pour les acteurs du milieu, néanmoins, les questions qui viennent à l’esprit au lendemain des élections provinciales soldées par la victoire du nouveau gouvernement Legault demeurent : quel sera l’avenir de la Politique bioalimentaire ? Va-t-elle être maintenue ou réorganisée ? L’avenir nous en dira plus…

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